top of page

L'histoire de Sarah



Au début du XXe siècle, une femme exceptionnelle du nom de Madame Sarah Ohannes Hovhannes s'est imposée comme une figure marquante de l'histoire irakienne. Née à Bagdad en 1889 dans une famille arménienne, Sarah a connu très tôt le goût de la tragédie en perdant sa mère, Sophie, ainsi que sa jeune sœur Zabel. Après leur décès, elle fut élevée par sa tante, également nommée Sophie. Elle hérita de son père une grande fortune, comprenant des sommes d'argent, des terrains à Bagdad, et une zone prospère qui deviendrait plus tard le quartier connu sous le nom de Camp Sarah.

Sarah a grandi dans une belle maison située sur la rue al-Rachid, avec vue sur le Tigre. En hommage à sa sœur Zabel, décédée à l'âge de six ans, son père fit don d’une des grandes demeures familiales à la communauté arménienne de Bagdad afin d’y fonder une école, appelée l'École Zabelian.

Un événement clé dans la vie de Sarah eut lieu en août 1910, lorsque Nazim Pacha, alors gouverneur ottoman de Bagdad, organisa une somptueuse soirée dansante sur un bateau pour collecter des fonds en faveur d’un nouvel hôpital. Cet événement réunit des diplomates, des membres de diverses communautés étrangères et des familles chrétiennes locales, devenant rapidement le sujet de conversation de la ville. Sarah y assista avec sa famille, vêtue d’un costume traditionnel arménien. Bien qu’elle n’ait que 17 ans, elle attira l’attention de Nazim Pacha, âgé alors de cinquante ans. Il demanda sa main en mariage, mais elle refusa sa proposition, provoquant la colère du gouverneur, qui se sentit profondément offensé.

Ce qui suivit fut digne d’un drame. Nazim Pacha abusa de son pouvoir pour harceler Sarah avec insistance, ignorant totalement son refus. La tension monta d’autant plus que Bagdad connaissait à cette époque une agitation politique grandissante, avec des factions concurrentes en lutte pour le pouvoir. C’est dans ce contexte explosif que le journaliste Ismail Haqi Baban, affilié au Parti Union et Progrès, visita Bagdad. Informé de l’affaire, il publia des articles dénonçant publiquement le comportement du gouverneur, ce qui déclencha une vague d'indignation populaire.

Au début de l’année 1911, des représentants irakiens à l’Assemblée ottomane déposèrent une plainte officielle contre Nazim Pacha, provoquant une réaction immédiate de la Sublime Porte à Istanbul. Sous la pression politique et populaire, Nazim Pacha fut démis de ses fonctions le 17 mars 1911.

Mais l’engagement de Sarah ne s’est pas limité à la sphère politique. Elle joua également un rôle humanitaire majeur. En 1915, face à l’ampleur des souffrances causées par le génocide arménien, elle fonda l’Association des Femmes Arméniennes pour venir en aide aux déplacés et aux victimes. Dès 1917, elle avait déjà fourni nourriture et vêtements à environ 20 000 réfugiés arméniens en Irak, illustrant ainsi son engagement profond envers les personnes les plus vulnérables en temps de crise.


Comentarios


bottom of page